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Les quatre mille iles

Après le Cambodge, c’est au Laos que m’amène ce périple. Je retrouve le Mékong que je remonterai jusqu’à la frontière thaïlandaise pendant une semaine. Je commence mon séjour au Laos aux 4000 iles, à quelques kilomètres de la frontière avec le Cambodge. Je passerai les deux prochains jours à Don Det, à profiter de la tranquillité du Mékong.

Je quitte Siem Reap au Cambodge le samedi 7 mai. Une journée entière de transport pour parcourir 380 kms… On m’avait prévenu : rejoindre le Laos depuis le Cambodge n’est pas de tout repos. Il s’agit en effet de l’une des frontières les plus corrompues d’Asie du Sud-Est, et tout est mis en œuvre pour arnaquer les touristes qui s’apprêtent à la franchir.

Le trajet commence commence pourtant très bien. Il se trouve que l’on est que trois personnes à faire le trajet jusqu’à Don Det ; nous avons donc un van pour nous seuls, le grand luxe quoi. Nous faisons plus des 3/4 du chemin sans encombre, jusqu’à attendre la ville de Krong Stung Treng où l’on nous annonce un changement de van. Petit arrêt de 30 minutes dans un restaurant. Quand je vois les prix, je préfère sortir du restaurant et me balader dans le village. Peut-être y trouverais-je quelque chose à manger. Je parcours le village de long en large ; personne ne parle anglais et surtout personne ne veut me servir à manger. Etrange…

De retour au restaurant où l’on nous a déposé, il faudra attendre encore une heure et demi, avant qu’une série de van n’arrive et y décharge une quarantaine de touristes. Pourtant, nous ne partons toujours pas ; une demi heure d’attente supplémentaire avant que le chauffeur ne se décide à prendre la route. En fait, tout est fait pour donner l’impression que l’on attend tel ou tel van ou touriste pour te faire consommer sur place. Ca me rappelle un peu certains épisodes de l’Afrique, mais c’est bien plus malsain ici puisque l’on attend juste que tu craques et achètes quelque chose. En Afrique, au moins, on attendait que le van se remplisse…

Arrivé à la frontière, c’est le manège que j’avais lu sur internet. On nous demande de remplir des formulaires et un gars sorti de nulle part veut prendre nos passeports et 36 dollars pour faire les démarches pour nous. Le visa pour le Laos coute 30 dollars ; à quoi correspondent ces 6 dollars supplémentaires ? Quand je refuse, le gars s’énerve, menace de nous laisser ici et de ne pas assurer la connexion jusqu’à notre destination (comme nous l’avons payé). Sa tentative d’intimidation ne fonctionne pas. Les deux allemands avec moi décident de me suivre et de faire les démarches eux même aussi.

Qui dit corruption, dit pot-de-vin. Sans surprise, à la frontière cambodgienne, on me demande 2 dollars pour faire le tampon de sortie. Je refuse. Le gars de l’immigration me jette mon passeport à la figure, après avoir fait le tampon. A la frontière laotienne en revanche, on nous demande 1 dollar pour les frais d’administration et 2 dollars car on est samedi. J’ai beau refuser, je fais face à un mur. Mon passeport ne me sera pas retourné tant que je n’aurai pas payé. Je paie les frais d’administration et refuse de payer les 2 dollars. Le gros sketch c’est qu’ils me disent que je peux attendre 18h (il est 15h30) pour repartir sans payer le bakchich. A force d’insister, je récupère mon passeport contre 1 dollar.

Le mec qui voulait faire les démarches à notre place aura interféré dans nos discussions avec l’immigration tout le long. Pour se venger, il nous fera attendre encore 45 minutes avant d’appeler un van pour terminer le trajet. C’est un vrai business, et tout le monde est de connivence. J’ai économisé 4 dollars pour 2 heures de passage de frontière. Je suis reparti furieux et dégouté, mais je ne regrette pas une seconde de ne pas avoir fait leur jeu et de leur avoir tenu tête. C’est une question de principe. J’arrive finalement à la nuit tombée à Don Det, après que le van nous ait déposé sur le bord du Mékong et qu’un bateau nous fasse traverser le fleuve jusqu’à l’ile.

Je passerai les deux prochains jours à me reposer sur l’ile. C’est à mon avis la meilleure façon de profiter de cet endroit. Je me suis trouvé un petit guest house sympa qui donne sur le Mékong. L’endroit est calme ; je suis tranquille. Je passe mes journées à lire dans mon hamac, me régaler des bons plats locaux et me reposer.

Le lundi soir, je loue un bateau pour faire le tour des 4000 iles pour le coucher de soleil. C’est très joli. Je croise de nombreux pêcheurs au travail. Des groupes d’enfants se baignent, et me saluent en riant aux éclats. Je me baigne aussi dans les eaux chaudes du Mékong. C’est très agréable.

Ce tour en bateau m’a fait plaisir car j’ai enfin pu apercevoir des sourires sur le visage des laotiens. Car pour l’instant, je suis assez mitigé sur les gens. Au Cambodge, les locaux sont d’une telle gentillesse ; je ne retrouve pas cela au Laos. Les gens sont très froids. Cela me rappelle étrangement le sentiment que j’avais eu en Bolivie.

Je reprends la route le mardi pour rejoindre Luang Prabang, tout au nord du pays. Deux jours de voyage m’attendent pour arriver à destination.

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