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Phnom Penh

Dernière ligne droite avant mon retour en France. Je passerai mon dernier mois de voyage entre le Cambodge, le Laos et la Thaïlande. Et c’est à Phnom Penh que je commence mon aventure indochinoise. Je prends un moment pour me cultiver un peu et en savoir plus sur le terrible règne des Khmers Rouges et je fais le tour de la capitale.

Je quitte Kuala Lumpur le mercredi 27 avril, après quelques jours d’escale dans la capitale malaise. Je prends un vol en milieu d’après-midi et j’arrive à Phnom Penh en début de soirée. Je change l’heure pour la dernière fois du voyage, étant en décalage de 5h avec la France. Et dire qu’il y a un mois, j’en avais 12… Voilà qui me permet de me remettre progressivement dans le bain, à mesure que je me rapproche de la France.

Le climat ne change pas trop en revanche. La même chaleur intense qu’à Kuala Lumpur, à laquelle s’ajoute la poussière des rues de Phnom Penh. Je prends un tuktuk de l’aéroport jusqu’à mon auberge dans le quartier international Boeung Keng Kang 1 (BKK1). Il faudra bien compter 45 minutes pour traverser la ville, au milieu de la circulation chaotique, typique des grandes villes du sud de l’Asie. J’arrive à l’auberge la nuit tombée, de la poussière plein les cheveux et les yeux.

Je suis tellement content d’être enfin au Cambodge. C’était l’un des incontournables de mon tour du monde, et j’ai failli renoncer à le visiter pour des questions idiotes de passeport presque plein. Heureusement, les agents de l’immigration ces derniers pays ont été plutôt sympas et ont réutilisé des pages presque pleines pour tamponner mon passeport à l’entrée et à la sortie du pays. Si bien que je peux finalement me permettre de visiter le Cambodge et le Laos, qui demandent tous deux des visas à l’arrivée et prennent beaucoup d’espace sur les pages de mon passeport.

Cette question de passeport parait anodine, mais elle a été une source de stress toute la seconde moitié de mon voyage. J’ai adapté mon itinéraire à de nombreux endroits pour éviter des entrées / sorties qui auraient remplies d’autant plus mon passeport et mis la fin de mon voyage en risque (il n’est plus possible de rajouter des feuillets sur un passeport). Ainsi, mon itinéraire entre le Chili et l’Argentine a été simplifié par endroits ; j’ai pris aussi des vols en Asie du Sud-Est pour éviter la traversée par la terre de la Malaisie et de la Thaïlande. J’ai même renoncé à mon passage à Singapour pour rendre visiter à mon pote Jan ; mais aussi baroudeur qu’il est, il m’a donné rendez-vous à Bangkok à la fin de mon voyage ! Donc c’est tout aussi bien !

Bref, toujours est-il que je pose enfin les pieds au Cambodge et je m’apprête à visiter ce pays, que je mets de côté depuis plusieurs années pour mon tour du monde. Ce dernier mois, je fais le choix de ralentir la cadence et prendre un peu plus mon temps. Il ne s’agit pas de rentrer en France, vidée de toute énergie. D’autant que je reprends le travail le 6 juin. Cela ne me laissera peu de temps pour reprendre des forces. Les étapes seront donc moins nombreuses et plus longues.

Je m’accorde deux jours et trois nuits à Phnom Penh, ce qui me ressemble pas d’ordinaire. Je passe rarement plus d’une journée dans une grande capitale. Mais Phnom Penh est un peu différente à mes yeux. Je lui trouve une très bonne atmosphère, les gens y sont absolument adorables et il y a beaucoup de choses à faire. D’autre part, il est important pour moi de visiter les deux musées sur les atrocités qui ont été commises dans ce pays dans la fin des années 70 par les Khmers Rouges, décimant 1/4 de la population. On ne peut pas venir au Cambodge et fermer les yeux sur l’évènement qui a tant marqué ce peuple.

Le voyage change un peu de registre le temps de quelques heures mais je pense que s’informer sur les évènements c’est rendre hommage aux victimes et ne pas les oublier. Même si cela veut dire sortir de ces musées dégouté par l’Humanité. Visiter ce genre d’endroits ne ferait pas de mal à tous ces gens qui encore aujourd’hui cherchent à nous monter les uns contre les autres, pour nos religions, nos origines, notre couleur de peau, notre sexualité ou même notre genre. On dit toujours que l’on ne laissera jamais les choses se reproduire et on voit la situation en Palestine ou en Syrie, sous les yeux indifférents d’une grande partie du monde, trop préoccupée à protéger ses intérêts et fermer ses frontières aux rescapés de ces génocides.

Je vais visiter le musée du génocide Tuol Sleng le jeudi matin. Il s’agit de l’ancienne prison de sécurité S-21, où des milliers d’innocents ont été torturé pour leur extorquer des aveux pour des choses qu’ils l’avaient pas commises et entrainer avec eux leur famille, leurs amis voire même des purs inconnus par des fausses dénonciations forcées. Le vendredi matin, je vais au Killing Fields, un peu en dehors de Phnom Penh, un centre d’extermination où étaient amenés les personnes interrogées à S-21 en fin de parcours.

Très franchement, c’est difficile de ne pas repartir de ces deux sites choqué. Des centaines de cranes, ossements, ou vêtements attestent des atrocités commises par les Khmers Rouges, au nom de leur régime communiste, qui aura affamé toute la population et exterminé les artistes, les intellectuels, les fonctionnaires, les politiciens, les professeurs. Rares étaient ceux qui n’étaient pas un jour où l’autre visé par le régime. Le simple fait de porter de porter des lunettes signait votre arrêt de mort. Ou encore nombreux sont ceux qui étaient exécutés pour avoir cueilli une mangue ou une banane pour sa famille. Les explications sont morbides, mais nécessaires au travail de mémoire.

Je termine ma visite de Phnom Penh en compagnie d’un couple australien et une allemande, à bord d’un tuktuk que l’on a réservé pour la journée du vendredi. Après les Killing Fields, nous allons faire le tour des marchés. Puis visiter le palais royal et ses magnifiques jardins. Nous allons ensuite admirer l’art khmer au musée national, avant de terminer sur la pagode Wat Phnom.

Après avoir vu le pire de ce que l’Homme est capable de faire, c’est réconfortant de voir aussi la beauté qu’Il est capable de créer au nom de la foi. L’art khmer est de toute beauté. Le peuple cambodgien est très attaché à la religion et son Roi. Autrefois divisé par des illuminés, il est uni aujourd’hui autour des mêmes valeurs et d’une culture très forte.

Ces premiers jours, je ne peux que remarquer l’extrême gentillesse des cambodgiens. Là où beaucoup d’autres peuples se renferment sur eux-même et gardent une rancœur à l’égard des étrangers qui n’ont pas été là pour eux dans les moments les plus dures, les cambodgiens c’est tout le contraire. Le sourire est toujours là. C’est assez frappant.

Je quitte la capitale le samedi 30 avril, direction Sihanoukville sur la côte cambodgienne. Une petite parenthèse bien méritée avant ma remontée vers le nord.

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