Dernière étape en Bolivie et point d’entrée au Pérou : l’immense lac Titicaca. A la fois le plus grand lac d’Amérique du Sud et, avec ses 3800 m d’altitude, le plus haut lac navigable au monde, c’est surtout le berceau de la culture inca. Partagé entre le Pérou et la Bolivie, ses iles regorgent des trésors culturels et sont de toute beauté. Rien de mieux pour se plonger dans la culture du Pérou et de ses mythiques ancêtres.
Lundi 19 octobre, je quitte la ville de La Paz au petit matin, direction Copacabana au bord du lac Titicaca. Je suis ravi de laisser derrière moi cette ville tentaculaire et de retourner dans la nature pour découvrir ce lac mythique. Il faut compter environ 4 heures pour arriver à Copacabana. Petit fait amusant : une heure avant l’arrivée, on nous fait tous descendre du bus pour traverser individuellement le lac en bateau, tandis que le bus traverse sur une barge. On remonte à bord de l’autre côté de la rive. Voilà qui fait apprécier les ponts, qui nous dispensent de tout ce micmac.
Une fois à Copacabana, je prends de suite un bateau pour la fameuse Isla del Sol. C’est la plus grande ile du lac. Et un petit joyau au milieu des eaux bleues du lac Titicaca. La meilleure façon d’apprécier le lac est en effet de s’isoler un temps sur l’une de ses iles et y découvrir la vie où la culture inca est encore très présente. Aucun véhicule ne circule sur l’ile, tout transport se fait à pied ou à dos de mule. La plus grande partie de la population vit au sud de l’ile ; le nord, quant à lui, est un peu plus préservé et sauvage. Je choisirai donc de rester au nord de l’ile pour le calme et la sérénité, qui contraste avec la bouillonnante ville de La Paz où j’ai passé les derniers jours.
Le bateau pour l’ile est d’une lenteur presque comique. A vrai dire, la plupart des bateaux du lac sont équipés de moteur peu puissants, si bien que l’on pourrait limite nager à côté du bateau en pleine marche, et arriver en même temps. Cela permet d’apprécier les paysages. Et c’est donc en deux heures et demi que l’on parcourt les quelques kilomètres qui nous séparent de Copacabana. J’arrive en milieu d’après-midi au nord de l’ile.
Je me trouve un petit hôtel, très rudimentaire, mais avec une superbe vue sur la plage. Puis je vais faire un petit tour pour observer le coucher du soleil du cap, à quelques minutes de Challapampa, où je passerai les deux prochaines nuits. Le cap est entièrement recouvert de terrasses, datant des incas, où les paysans de l’ile cultivent le maïs. Le lac s’étend à perte de vue. Et au sud se profile la Cordillère Royale, et l’imposant Huayna Potosí.
Le lendemain, je m’embarque dans une éprouvante randonnée de 6-7 heures pour visiter l’ile de long en large. Je traverse l’ile du nord du sud par un ancien sentier inca, tout en montée et descente, à plus de 4000 m d’altitude. Je découvre d’anciennes ruines incas, ainsi que des paysages à couper le souffle sur le lac. Les versants des montagnes environnantes ont tous été travaillés par les incas, et recouverts de terrasses. De retour au nord de l’ile le soir, je suis épuisé, mais content de ma journée.
Le mercredi, après une journée et demi sur l’ile, je reprends un bateau pour Copacabana. Je vais quitter la Bolivie pour aller à Puno, au Pérou. Je prends un bus en début d’après-midi et j’arrive trois heures plus tard à Puno, après un passage de frontière sans encombre. Dix-huitième pays en bientôt cinq mois. Puno est le pendant péruvien de Copacabana, sur le bord du lac. C’est le point de départ pour visiter les iles du lac, côté Pérou.
Et c’est justement que je fais le lendemain. Avec un tour organisé, je vais visiter les iles flottantes de Uros, ainsi que l’ile de Taquile. L’avantage de faire la visite avec un tour est que je peux condenser la visite de ces deux sites en une journée, et prendre un bus le soir pour Arequipa. Et surtout le tour se fait avec un bateau bien plus puissant que les navettes. J’atteins donc Taquile en une heure et demi, au lieu des quatre ou cinq heures que requièrent les navettes.
Uros est le nom donné à des iles artificielles, sur lesquelles vivent des communautés. Les iles sont construites en utilisant un espèce de roseau qui poussent sur le lac et qui flotte. C’est tout simplement bluffant de voir comment ces familles construisent ces petits villages flottants et s’adaptent à la vie sur le lac. Ce sont en fait des communautés pré-incas qui ont fuit l’invasion inca en construisant des iles flottantes, renonçant à leurs terres d’origine sur les bords du lac. La tradition perdure depuis des siècles, même si le nombre d’iles diminue chaque année, les habitants préférant la vie en ville où l’on trouve du travail. La visite est très touristique, ça frôle le sketch, mais je suis très content d’avoir pu voir la vie de ces communautés, qui ont très loin d’avoir la vie facile. Ils doivent quotidiennement rajouter des épaisseurs de roseau, leurs maisons sont à refaire tous les trois mois et surtout une ile n’a que 15 ans de durée de vie. C’est donc un éternel recommencement…
Taquile est une très belle petite ile, connue pour sa culture inca encore très très présente. Les habitants parlent le quetchua, vivent de l’agriculture et du textile. Fait intéressant : l’espace et les ressources étant limités, les communautés qui vivent sur l’ile refuse tout ce qui est superflu : pas de mule, pas de lama, pas d’animaux de compagnie. Tout est fait par l’Homme, sans l’aide de machines ou d’animaux. La culture de l’ile a été placée au Patrimoine de l’UNESCO. Le textile produit à la main sur l’ile est reconnu dans tout le pays pour sa qualité unique. Et autre fait intéressant : ce sont les hommes qui tissent !
Ces quelques jours au bord du lac Titicaca m’ont beaucoup plu. Les paysages sont fabuleux et la culture qui perdure nous projette quelques siècles en arrière. Le bleu du lac me donnait parfois l’impression d’être de retour à la maison, sur le bord de la Méditerranée… enfin peut-être plus sur la côte italienne.
Prochaine étape : Arequipa et le Canyon de Colca, le deuxième canyon le plus profond au monde.