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La Paz et la Route de la Mort

Me voilà au nord de la Bolivie dans la capitale administrative du pays, La Paz. Pas forcément enchanté de passer du temps dans une aussi grande ville, je décide tout de même de m’y poser pour terminer mon acclimatation. Mais surtout La Paz c’est un peu le centre touristique du nord de la Bolivie. Il y a des tonnes de choses à faire au départ de La Paz. Notamment la fameuse Route de la Mort que l’on peut descendre en VTT.

Je suis venu à La Paz en bus de nuit depuis Cochabamba. Départ 21h le mercredi 14 octobre. Arrivée prévue autour des 5h, ce qui est très loin d’être idéal. Au final, c’est à 4h30 que nous arrivons… Confused smile Se retrouver dans le terminal de bus d’une ville de 10 millions d’habitants en pleine nuit, en connaissant la réputation de La Paz, ne m’enchante pas vraiment. Je trouve une auberge bon marché qui me plait dans le guide et je prends un taxi direct jusqu’à l’hôtel. Je sors le réceptionniste de l’auberge de son sommeil, mais il reste très sympathique. Il me propose de prendre une chambre simple à 10h au même prix que les dortoirs, et m’indique un dortoir vide pour que je puisse m’assoupir en attendant que ma chambre soit prête. Très aimable ! Et très bon choix d’auberge !

Je double donc ma nuit de sommeil, celle dans le bus ayant été loin d’être suffisante. Je récupère les clés de ma chambre simple à 10h et je me repose tout le début de journée. La Paz est à 3600 m d’altitude, et selon où l’on se trouve dans cette gigantesque ville, on peut atteindre les 4000 m. Il faut donc s’attendre à de nouveaux maux de tête. La veille, je suis passé dans une pharmacie et j’ai acheté le traitement que m’avait donné une des françaises à Torotoro. Et c’est assez étonnant car à part quelques fourmis dans les mains ou les pieds, et l’essoufflement classique, je n’aurai plus du tout mal au crane les jours suivants. Magiques ces médicaments !

En début d’après-midi, je vais au centre-ville faire le tour des agences de voyage pour décider de mes prochains jours. Je suis venu avec beaucoup d’idées en tête : l’ascension du Huayna Potosí (et ses 6088 m), la descente de la Route de la Mort en VTT, une excursion dans l’Amazonie bolivienne. Et finalement, je ne ferai que la Route de la Mort, ainsi qu’une excursion qui aurait pu servir d’acclimatation pour le Huayna Potosí. Les raisons de ce changement de plan : le budget (ces sorties sont hors de prix si on compare au cout de la vie en Bolivie), mon état de santé général (il faut savoir écouter son corps !), une saturation grandissante du pays et de sa nourriture et un planning trop serré pour le mois à venir si je passe autant de temps en Bolivie. D’autre part, je suis déjà hors saison pour le Huayna Potosí et le risque de se retrouver au sommet dans les nuages est plus important (la météo annonce même de la pluie les 5 jours suivants). Quant à l’Amazonie, deux façons d’y aller : en avion (ce qui est hors budget) ou en bus (qui passe par une route aussi dangereuse que la Route de la Mort)… Bref, il faut savoir faire des choix difficiles en voyage ! Le Pérou, l’Equateur et la Colombie ont plein de jolis endroits à découvrir, il faut garder suffisamment de temps pour apprécier pleinement ces pays.

Le vendredi, je me repose la majeure partie de la journée. Mais je vais tout de même prendre le téléphérique jusqu’au quartier de l’Alto, qui surplombe toute la ville. Le quartier est connu pour son marché, mais il n’a lieu que le jeudi et le dimanche. J’ai donc manqué mon tour. Je me contenterai de la vue sur cette ville tentaculaire qu’est La Paz. Avec ses airs de ville minière, ce n’est pas une ville particulièrement jolie mais elle a le mérite d’être impressionnante par son ampleur.

Samedi 17 octobre, c’est la fameuse journée aventure que j’attends depuis un bail. Direction la Yungas Road, plus connue sous le nom de “Route de la Mort”. Classifiée en 1995 comme la route la plus dangereuse du monde, le Camino de la Muerte relie La Paz à Coroico, à 1200 m d’altitude, la porte d’entrée de la région des Yungas, l’Amazonie bolivienne. Au départ du col de La Cumbre, à 4650 m d’altitude, ce sont pas moins de 3300 m de dénivelé parcourus en moins de 65 kms, en passant de l’altiplano à la jungle sauvage. La route est dangereuse car très étroite (la largeur d’une voiture sur la quasi totalité du chemin), sans rail de sécurité et à double sens ! Sortir de la route signifie faire une chute abyssale de plus de 600 m ! Si bien qu’en 2006, on dénombrait plus de 300 victimes par an sur cette route.

Une nouvelle route permet depuis 2007 de contourner l’ancienne Yungas Road. Mais elle reste encore fréquentée par des camions ou des véhicules, qui trouvent la route plus sure “trop longue”… Le trafic ayant fortement diminué, la Route de la Mort est devenue une attraction touristique pour les fans de sensations fortes. En VTT, on peut se faire toute la descente jusqu’à Coroico. Qui n’a pas rêvé de pouvoir dévaler plus de 2000 m en vélo en continu et sans le moindre effort ? Et qui plus est sur une route aussi mythique que la Route de la Mort.

Le trajet en vélo se fait en deux temps : du col de La Cumbre (4650 m) au village de Unduavi (à 3517 m) sur une route goudronnée (en gros la partie haute de la nouvelle route), puis du croisement de Chuspipata (à 3200 m) à Yolosa (à 1200 m) par l’ancien tracé et le tronçon le plus dangereux de la Route de la Mort. La première partie fut un véritable cauchemar pour être honnête. La route et les paysages étaient exceptionnels, mais à cette altitude il faisait moins de 0°c. Je n’ai pas tellement profité de ces 1000 m de descente car au bout de 2 minutes je ne sentais déjà plus mes doigts. L’avantage de cette partie goudronnée est que l’on peut prendre de la vitesse et c’est en moins de 40 minutes que nous arriverons à Unduavi. Par contre, cette route est très fréquentée, ce qui rendait la descente moins agréable. Sans parler du froid…

Pour la deuxième partie, ce fut une vraie partie de plaisir ! A 3200 m, le climat était déjà beaucoup plus clément, et les paysages encore plus extraordinaires. C’est le début de la jungle. La route est en mauvais état, il faut donc être très attentif, car la moindre erreur est fatale. On passe par des endroits où l’on a du mal à s’imaginer deux bus essayant de se croiser. Sur cette route (et c’est la seule de Bolivie), le sens de circulation est inversé. En descente, on doit céder la priorité aux véhicules qui montent, et surtout on est du côté du vide ! Aussi dangereuse soit-elle, cette route est très très belle. A mesure que l’on descend, la température monte, l’humidité aussi. On fera la descente des 2000 m en 2h environ. Je suis content d’arriver en bas, épuisé par les vibrations et surtout par l’attention que requiert une telle descente.

On déjeunera dans un petit resto au bord de la rivière en bas. Je respire pour la première fois depuis 20 jours. 1200 m, c’est à près l’altitude de Salta. Je n’ai jamais été si bas depuis que j’ai quitté l’Argentine. Et comme toute bonne chose a une fin, il faut remonter jusqu’à La Paz et son altitude suffocante. Nous passerons par la nouvelle route et remonterons jusqu’au col de La Cumbre, pour finir à La Paz, en un peu moins de 3h. Ce fut une excellente journée ! Commencée dans la douleur des mains congelées, et terminée plein de beaux souvenirs en tête et le sentiment d’avoir fait quelque chose d’unique au monde.

Le dimanche 18 octobre, je fais une petite sortie en montagne pour aller au sommet du Chacaltaya à 5300 m. On nous dépose en bus à 5000 m au refuge de Chacaltaya et il ne reste que les 300 derniers mètres à parcourir jusqu’au sommet. Ca ne parait pas, mais c’est les jambes très lourdes et avec une respiration difficile que j’arriverai au sommet. Quand je vois la difficulté avec laquelle je monte, je me réjouis de ne pas avoir à grimper le Huayna Potosí, car je ne suis clairement pas au top de ma forme. L’expérience aura pu être sympa cela dit…

La vue d’en haut est splendide : le Huayna Potosí d’un côté, des lagunes colorées de l’autre et la mégalopole de La Paz en face. Lorsque le temps est dégagé, on peut même voir le lac Titicaca du sommet, mais ce ne sera pas le bon jour. La journée se termine par un petit saut à la Valle de la Luna (encore une !), la troisième que je vois avec celle d’Argentine et du Chili. Celle-ci n’a très franchement pas grand intérêt.

Mon séjour à La Paz se terminera là. Je pars le lendemain pour le lac Titicaca, ultime étape en Bolivie, avant de passer côté Pérou.

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