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Johannesburg et le musée de l’Apartheid

Mon voyage en Afrique du Sud commence à Johannesburg, la plus grande ville du pays. La ville est très étendue et pas forcément la plus accueillante pour un backpacker, qui vient tout juste de débarquer. Les auberges de jeunesse sont relativement excentrées, ce qui rend la visite toujours un peu compliquée.1-DSCF2009

Je suis arrivé avec l’objectif de visiter le musée de l’Apartheid, et le quartier de Soweto. Ne souhaitant pas m’attarder à Jo’burg, comme on l’appelle ici, je me serai finalement contenté du premier.

C’est l’hiver ici, mes premiers jours en Afrique du Sud sont donc frisquets. Mais globalement le soleil est au rendez-vous.

Le musée de l’Apartheid

J’ai passé une après-midi entière au musée de l’Apartheid, qui m’a passionné. Le musée revient sur le passé très obscur de l’Afrique du Sud et cette politique de l’Apartheid qui a divisé le pays des années 50 jusqu’en 1990, année de la libération de Nelson Mandela.1-DSCF2012

On y apprend comment les européens sont arrivés massivement fin du 19ème siècle, peu après la découverte d’un filon d’or en Afrique du Sud. La nouvelle a drainé des gens des quatre coins du monde, venant à la recherche d’or dans l’espoir de devenir riches. Quelques décennies plus tard, la peur chez les blancs d’être éjectés à tout moment du pays par les noirs, encore en grande majorité dans leur propre pays fort heureusement, a permis à certains “européens” blancs d’avancer une idéologie consistant à privilégier les blancs, à leur donner le pouvoir et une grande partie du territoire, pour petit à petit évincer les noirs.2-DSCF2016

C’est en 1948 que le National Party est élu, dans des élections trafiquées. A peine au pouvoir, ce parti s’empressera d’implémenter la politique de l’Apartheid, catégorisant la population d’Afrique du Sud, parmi les “européens” (ou les “blancs”), les “natifs” (autrement dit les “noirs”), les “colorés” (difficile de savoir ce qui fait vraiment partie de cette classification, mais il s’agit principalement des métisses et des gens issus d’une union mixte) et plus tard les “asiatiques”, chaque catégorie de la population ayant des droits et des devoirs différents. Les “blancs” avaient toute sorte de privilèges, dont le droit de vote, tandis que les autres catégories étaient spoliées, étaient réduites aux travaux les plus difficiles, comme travailler dans les mines d’or ou dans les usines ou encore servir les “blancs”. Au cœur de cette politique était aussi l’interdiction des mariages mixtes pour conserver la race blanche…

Bref, une politique qui donne tout simplement la nausée, qui vise à diviser les gens basé sur leur couleur de peau, leur religion, leur langue, leur culture, pour privilégier une poignée de personnes, arrivés sur des terres qui ne leur appartient pas et exploitant les ressources mais aussi les populations indigènes. L’histoire de l’humanité en somme. Une histoire qui a façonné le monde d’aujourd’hui… Rien de très spécifique à l’Afrique du Sud à vrai dire. C’est juste un des exemples les plus récents. Et c’est un éternel recommencement quand on voit la situation en Palestine ou ailleurs…

Je dois dire que j’ai parcouru ce musée, passionné par cette histoire que je connaissais peu. Mais également écœuré, dégouté, révolté, en particulier en voyant les discours et les interviews des politiciens qui défendaient dans les années 80 cette politique ignoble auprès de la communauté internationale, justifiant pourquoi les noirs ne pouvaient pas avoir le droit de vote. C’est tellement récent que l’on dispose d’archives vidéos où l’on peut voir des discours qui semblent d’une autre époque et qui pourtant ne datent de pas de plus 30 ans.3-DSCF2018

Le musée se termine sur une note plutôt positive, avec la résistance des noirs sous l’impulsion de Mandela et de son mouvement, la libération en 1990 de Mandela sous la pression de la communauté internationale, signant l’arrêt de mort de la politique de l’Apartheid, la mise en place d’une nouvelle constitution parmi les plus progressistes au monde, réinstaurant le droit de vote à tout un chacun, et quelques années plus tard l’élection de Mandela à la présidence.

Même si les choses ont beaucoup changé en vingt ans, force est de constater tout de même qu’aujourd’hui les inégalités sont toujours présentes. Beaucoup de noirs ont réussi à entrer dans la classe moyenne voire plus mais, depuis que je suis arrivé, je ne peux ignorer le fait que seuls les noirs occupent les fonctions les plus difficiles, les tâches ingrates. Dans les hôtels par exemple, les blancs occupent les postes de management, tandis que les noirs sont au ménage, en cuisine, etc… J’attends encore le jour où je verrai un blanc faire le ménage…

Ce musée est donc vraiment un incontournable pour comprendre ce pays. Il n’est pas toujours facile à suivre, le flot d’information étant énorme, parfois trop. J’y suis resté tellement de temps que je n’ai pas pu visiter Soweto ce jour-là. Mais ce sera pour une prochaine fois…

Les taxis à Jo’burg

Se déplacer à Jo’burg n’est pas ce qu’il y a de plus facile. Ils ont un système de taxi qui est assez compliqué à comprendre. Les taxis ont rien à voir avec ce qu’on connait. Il s’agit de mini bus qui ont une route prédéfinie. Ils s’arrêtent un peu partout sur leur route à mesure que les passants leur font signe pour monter ou que les passagers souhaitent descendre. Pour aller d’un point A à un point B, il faut donc enchainer plusieurs taxis et par conséquent bien connaitre les quartiers de Jo’burg et le passage des taxis.4-DSCF2020

Ce type de taxis, on peut en trouver un peu partout dans le monde. Ce que j’ai trouvé d’original c’est la façon de faire signe aux différents taxis qui passent pour leur indiquer où on veut aller. Rien sur le taxi n’indique sa destination. Ce qui fait la différence c’est le geste que l’on fait. Par exemple : l’index vers le haut signifie que l’on veut rejoindre Newtown (Bree Street) qui est le centre-ville et l’échangeur central de tous les taxis; l’index vers le bas signifie que l’on fait un déplacement “local”, c’est-à-dire au sein du quartier, donc que l’on souhaite s’arrêter plus bas sur la route. D’autres gestes (index vers la gauche ou la droite par exemple) ont d’autres significations. Et d’un quartier à l’autre, chaque geste peut changer de signification.

index downCes taxis sont là pour les gens qui “commute”, c’est-à-dire qui parcourent la ville pour aller travailler ou en revenir. Ce n’est donc pas vraiment pour les touristes. Mais c’est un moyen économique et original de se déplacer. Et c’est ce que je recherche : me déplacer au maximum comme les locaux.

 

Voilà ce qui m’aura marqué à Jo’burg. Je n’y serai pas rester longtemps; deux jours c’était déjà beaucoup pour moi. Les grandes villes, ce n’est pas tellement pour moi en voyage, je préfère mille fois m’attarder dans les espaces naturels du pays. J’étais trop impatient de rejoindre la première grande étape de ma visite de l’Afrique du Sud : la chaine de montagne du Drakensberg au sud de Jo’burg.

3 reflexions sur “Johannesburg et le musée de l’Apartheid

  1. Mag

    Enchantée de rencontrer et de lire ta plume, il ne m’en faut pas plus pour savoir que je viens de partir pour un nouveau voyage avec toi! Merci de nous emmener en tour du monde, iiiiiiiiiiiiiiiaaaaaaaaaaaaa!!!! c’est parti (même si tu nous manques déjà)…

  2. Jack

    C’est super bien écrit, et on apprend beaucoup de chose sur un sujet grave, si on entend souvent parlé de »l’Apartheid » je ne penses pas que tant de monde sache à quel point ce régime était fascisant et à quel point cela a perduré et était justifié jusqu’à récemment par l’ensemble des pays de la communauté européenne .

    Les taxis sont rigolo mais faut le savoir que ça marche comme ça ! [je me serais déjà perdu !]

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