Envie d'Ailleurs

Le lac Malawi

Après une semaine de voyage éreintante, me voilà enfin au lac Malawi où je vais passer les sept prochains jours à me reposer. Je découvrirai Nkhotakota, Likoma Island, Monkey Bay et Cape MacLear. Farniente, baignade, plongée et randonnée au programme.

Je suis donc arrivé à Nkhotakota le vendredi 24 juillet depuis Lelongwe. Dans la nuit, je dois embarquer dans un ferry pour Likoma Island, au nord du lac. Je me régale du coucher de soleil sur les rives du lac de Nkhotakota et sa petite baie. Les malawiens m’observent, rient de me voir marcher sur la plage. Il faut dire qu’ils ne croisent pas tant de blancs que ça… Et ça les amuse ! De nombreux pêcheurs rangent leur petite embarcation et leur filet, de retour d’une journée de pêche. Un sot de petits poissons argentés sur la tête, ils rentrent au village. Il y a de l’animation sur la jetée ce soir-là ; sans doute l’arrivée du ferry pousse-t-elle les habitants à se rapprocher de la plage.

Nkhotakota est tristement célèbre pour avoir été l’ancienne place d’un immense marché aux esclaves au début du XIXe siècle. Les esclaves étaient capturés dans la région, envoyés au nord du lac et traversaient la Tanzanie à pied pour finalement rejoindre les marchants arabes de Zanzibar, d’où ils seraient expédiés en Inde, en Arabie ou autre pays d’Orient. Rien ne rappelle ce passé sordide. On a enfoui ce souvenir quelque part dans le sable…

Après 16 nuits de camping d’affilés, c’est à Nkhotakota que je passerai ma première nuit dans le lit douillé d’un dortoir vide. C’est plus pour un besoin pratique que par réelle nécessité de confort. Personne ne sait à quelle heure le ferry Ilala passera par Nkhotakota. On peut donc nous appeler à tout moment de la nuit pour embarquer. Pas vraiment le temps de plier la tente… Alors un dortoir fera l’affaire. Et je dois avouer qu’un bon lit douillet après ces cinq derniers jours ne fait pas de mal !

C’est à 3h30 que je serai réveillé. A 4h, j’embarque sur le ferry, ancré dans la baie, après avoir été récupéré sur la plage avec un petit bateau à moteur. Je termine la nuit sur le pont dans mon sac de couchage. La traversée jusqu’à l’ile Likoma durera 12 heures. Un vrai régal, comparé aux heures de bus que je me suis mangé ces derniers jours. Le calme, le soleil, la vue sur le lac à perte de vue, c’est vraiment une agréable traversée. Une sorte de vacances au milieu des vacances…

Trois pays se partagent l’immense lac Malawi. Au nord, les eaux sont tanzaniennes, à l’est mozambiquiennes et à l’ouest malawiennes. L’ile Likoma appartient au Malawi mais étrangement se trouve dans la moitié est du lac. La plus grande partie de la traversée, on se croirait en pleine mer, ne voyant aucune côte à l’horizon. Les dernières heures, nous longeons la côte du Mozambique, avant s’apercevoir au loin l’ile Likoma.

Je passerai deux jours et demi sur l’ile. Mon ferry de retour est attendu le mardi au petit matin. Mon lodge, le Mango Drift, est un vrai petit havre de paix. Je campe à même la plage, à 10 mètres de l’eau. J’entends le bruit des vagues la nuit et le réveil avec vue sur le lac donne envie de plonger. Un cadre idyllique…

L’eau est à température idéale. On rentre sans trop lutter, et on peut y rester des heures. J’y nage, je m’y lave, j’y fais ma lessive. Je passe mes journées dans l’eau, ou à me reposer sur la plage et me promener sur l’ile. Je consacre mon lundi après-midi à revoir mes bases de plongée et faire une petite piqure de rappel de ma certification PADI, passée il y a trois ans en Indonésie. Et je dois avouer que ça fait pas de mal. J’avais oublié pas mal de choses, en particulier quelques reflexes sous l’eau. L’occasion pour moi de plonger pour la première fois en eau douce. La plongée était plus à titre éducatif qu’autre chose, car je ne verrai pas grand chose. L’eau était un peu trouble ce jour-là à cause du vent. Mais le lac regorge pourtant d’une des plus grandes variétés de poissons en eau douce. Ce sera pour une prochaine fois !

J’ai rencontré sur le ferry deux couples d’anglais et deux amies hollandaises. On fera connaissance ces quelques jours, partagera nos expériences. Ca fait du bien de rencontrer un peu du monde, après tant de journées sur la route. Spéciale dédicace à mes amis, j’ai rejoué à Monopoly Deal. Quelques souvenirs de Colombie… Smile

J’aurais aimé rester sur l’ile plus longtemps, mais le ferry ne passe qu’une fois par semaine et je manque de temps. On repartira le mardi matin comme prévu et c’est trente heures de ferry qui m’attendent cette fois-ci pour rejoindre Monkey Bay plus au sud ! Absorbé par mon livre du moment, Africa Trek, je ne verrai pas le temps passer. J’ai adoré passer la nuit sur le pont. Quelques arrêts en route nous permettent de voir un peu la côte malawienne, avant de contourner le Cape MacLear pour arriver sur Monkey Bay.

De Monkey Bay, je prends un pickup pour Cape MacLear où je compte passer un jour avant de repartir vers le sud et ses montagnes Mulanje. Je découvre encore un petit paradis sur terre. Je campe à nouveau face au lac dans le sable. La vue sur le lac est splendide. Tout le monde vit autour du lac. La pêche occupent les hommes du village, tandis que les femmes font la lessive et la vaisselle sur la plage.

Au Malawi, les gens sont souriants, ce qui fait plaisir à voir. Tout le monde me salut et essaie de converser avec moi. C’est très agréable, on se sent bienvenu. Une chose qui est un peu dommage : les enfants et leur “give me money” systématique qui enlève un peu de charme. Un jeu parait-il, mais qui devient usant à la longue. Tous sont adorables, mais ponctuent les conversations de mendicité. Non pas qu’ils soient miséreux. J’ai vu tellement pire ailleurs. Le Malawi est un pays très pauvre, au sens où le PIB par habitant est faible. Mais les gens vivent principalement en autonomie. En d’autres termes, ils ont peu d’argent mais vivent du mais qu’ils cultivent. Ils ne génèrent pas vraiment de richesse mais mangent à leur faim.

En sérieux manque d’exercice, je décide de faire une randonnée et faire l’ascension du plus haut pic du cap. L’occasion de prendre un peu de hauteur et apprécier la vue sur Cape MacLear. Je dois faire appel à un guide, le chemin étant un peu compliqué. La montée est plutôt rude. Peu de touristes font apparemment le chemin jusqu’en haut ; l’approche du sommet se fait donc dans une forêt avec un chemin qui a l’air de ne pas avoir été fréquenté depuis une éternité. Je suis reparti les bras et les jambes pleins de griffures. Mais la vue d’en haut est magnifique. Une agréable récompense, comme toujours en randonnée…

Ce panorama sera le point final de mon séjour sur le lac Malawi. Il est temps pour moi de continuer ma route vers le sud et rejoindre le Milanje, une chaine de montagne aux paysages mémorables. Ma rando du jour servira d’entrainement pour ce week-end de marche, chargé comme une mule. Ce passage au lac Malawi aura été en tout cas une très belle étape. On veut toujours que ça dure, mais l’aventure continue…

Laisser un commentaire