Qui n’a pas rêvé de voir un jour les chutes Iguazu ? Certainement l’un des endroits les plus incroyables sur cette planète, et récemment choisies comme faisant partie des “Sept Nouvelles Merveilles Naturelles du Monde”, c’est le passage obligé de tous les touristes qui visitent la région. Et c’est un rêve qui se réalise pour moi.
De Florianópolis, je prends donc la direction de Foz de Iguaçu, par un bus de nuit le mercredi 26 aout. Avec le confort des bus sud-américains, un trajet de 15h passe sans aucun problème. J’arrive en début de matinée à Foz. Petit marathon de bus locaux habituel pour rejoindre le centre-ville et chercher mon auberge.
C’est toujours un moment un peu stressant quand on arrive quelque part pour la première fois, que l’on a ni plan ni directions pour rejoindre son auberge; un nom d’hôtel, un nom de rue tout au plus. Et d’un côté c’est l’une des parties les plus amusantes : interroger les locaux qui te donnent des bouts d’information (mais très rarement te mettent sur la mauvaise piste), chercher des indices ça et là, suivre son instinct, et finalement relier tous les éléments entre eux et trouver sa destination. Il faut reconnaitre que les temps évoluent et que l’on peut souvent s’aider de Google Maps et du GPS sur son téléphone pour se repérer. Mais sans réseau, c’est la seule chose que l’on peut faire. Du moins si l’on a pris le temps de charger les cartes auparavant avec une connexion internet. Et que l’on a une vague idée d’où l’on va.
Je trouve donc le Bambu Hostel, où je passerai les trois prochaines nuits. C’est une auberge que j’ai trouvée sur le guide, et qui est recommandée sur le net. Je tente donc toujours ma chance, en me présentant sans réservation et en avisant s’il n’y a pas de place. Et il y a de la place jusqu’au dimanche. Généralement, je réserve pour une nuit, et j’étends la réservation si j’aime l’endroit et souhaite y rester plus longtemps. Et à Iguazu, j’ai envie de prendre un peu mon temps.
Car je dois avouer que ces derniers jours, je sens la fatigue s’accumuler. Tant physiquement que moralement. Cela va faire trois mois que je suis sur la route. Les gens que j’aime me manquent. La solitude commence à se faire sentir. Non pas que je sois seul en permanence. Je rencontre du monde sur mon chemin. Mais cela ne dure jamais plus de quelques heures ou quelques jours. On se croise en somme. On s’échange des banalités, des trucs et astuces pour la suite de nos aventures, mais rares sont les fois où on connecte vraiment.
Ce premier jour à Foz, je le passe à me reposer, me promener dans le centre-ville et chercher un endroit où faire du sport. Car ça aussi, ça me manque terriblement. J’ai un besoin de me dépenser, de faire plus que de la randonnée. De reprendre de temps en temps mes petites séances de Body Pump, Body Combat ou RPM qui animaient mes semaines de travail à Antibes. Et la nostalgie se fait sentir. Je ne trouverai rien sur Foz, mais je décide d’acheter des baskets quand l’occasion se présente pour reprendre le footing.
Le lendemain, je vais découvrir ces fameuses chutes qui m’ont amené ici et qui me font tant rêver. C’est l’occasion de comparer leur puissance avec celle des chutes Victoria, visitée il y a un peu plus d’un mois. On pourrait croire que je puisse me blaser des chutes, car en somme elles se ressemblent toutes. Mais il n’en est rien. Les chutes Iguazu sont tout simplement incroyables. Impressionnantes. Uniques.
Une promenade permet d’approcher progressivement les chutes, jusqu’à la Garganta del Diablo (la Gorge du Diable), l’endroit le plus fascinant du site. Et ainsi petit à petit, l’émerveillement monte. Je ne peux pas m’arrêter de sourire tout le long de la visite. C’est un vrai remontant naturel. Je ne sais pas si ce sont les arcs en ciel, la fraicheur de l’eau, le son des chutes ou encore les vaporisations d’eau, mais toujours est-il qu’on s’y sent bien. On pourrait passer des heures devant, fasciné par la puissance de l’eau et la beauté de la nature.
La visite se termine en apothéose avec la passerelle qui mène à hauteur de la Garganta del Diablo. On est entouré d’eau de toute part. Le spectacle est inoubliable. Le grondement des chutes est assourdissant. Je ne trouve même pas les mots pour décrire ce que je ressens devant cette merveille naturelle. On se sent tellement petit.
La promenade côté brésilien n’est pas très longue ; 1h30 suffisent pour en faire le tour en prenant son temps. Je continuerai la visite des chutes par la partie argentine, dans quelques jours. Avant cela, je vais découvrir le Parc des Oiseaux à quelques mètres du site des chutes. Un très beau parc qui abrite une multitude d’oiseaux en tout genre. Et en particulier des espèces endémiques à l’Amérique du Sud et l’Amazonie. Ce qui est amusant c’est que l’on peut s’inviter dans quelques unes des grandes cages et ainsi tomber nez à nez avec divers perroquets et perruches, toucans et autres spécimens typiques du continent.
Le samedi 29 aout, je me réveille l’esprit ailleurs. Cette belle journée aux chutes n’aura pas suffit pour calmer la déprime. Et pour ne rien arranger, je m’arroche le pied droit à un meuble en laissant quelqu’un passer et le petit orteil prendra un gros choc. En quelques minutes, il double de volume ; en quelques heures, il change de couleur et la moindre pression du pied par terre me fait très mal. Je me suis vraisemblablement cassé l’orteil ! Il ne manquait plus que ça… Ce n’est pas maintenant que je vais pouvoir reprendre le sport. Mais plus gênant encore, ce petit accident risque de compliquer les semaines à venir, car je peux à peine marcher. Je vais devoir en tout cas éviter les randonnées…
Malgré tout, je décide de sortir pour visiter le barrage d’Itaipu, à quelques kilomètres de Foz. Ce fut très longtemps le plus grand au monde, mais il a été détrôné récemment par le barrage des Trois-Gorges en Chine. Arrivé sur place, j’apprends qu’un Iron Man (triathlon) a lieu sur le barrage et que par conséquent les visites sont fermées ce jour-là. En somme, les éléments sont contre moi aujourd’hui et tout se passe de travers. Je regarde quelques minutes la compétition, mais je me lasse vite de voir un coureur passer toutes les cinq minutes (comment font ces gens sur le bord de la route pendant le Tour de France ou un marathon ?!). Et puis, ne pouvant à peine marcher, je n’ai pas l’esprit à voir des gens courir ou faire du vélo.
Je retenterai ma chance le lendemain. Mais les visites de l’intérieur de la centrale ne sont déjà plus disponibles à la réservation. Je devrai donc me contenter d’une visite “panoramique” du barrage. En gros, une visite guidée en bus avec des arrêts photos. Les explications sont très intéressantes et le barrage est un ouvrage assez spectaculaire, une incroyable prouesse technique. Mais je dois avouer que je repars un peu déçu de cette visite car j’aurai préféré voir l’intérieur de l’usine pour apprendre quelque chose.
Saviez-vous que, pour construire ce barrage, il fallût inonder une surface de 1500 km², la plupart habitée, et détruire la plus importante chute d’eau au monde ? L’Homme a donc délibérément mis fin à la Cascade des Sept Chutes, engloutie en 1982 pour construire le lac du barrage. Son débit était cinq fois plus important que les chutes Niagara, qui détiennent l’actuel record du débit moyen le plus important au monde. Les chutes Iguazu rentreront au patrimoine de l’UNESCO en 1984.
C’est sur cette dernière visite que je quitte le Brésil ce dimanche après-midi et traverse la frontière pour l’Argentine. Treizième pays parcourus depuis le 1er Juin. J’irai visiter la partie restante des chutes le lendemain. C’est la partie que j’ai préférée. Le parc côté Argentine offre de nombreux sentiers pour admirer les chutes sous différents angles. On les découvre sous une autre perspective et de plus près. On peut aisément passer quatre ou cinq heures à jalonner les divers chemins. Un petit train mène à un point de vue sur la Garganta del Diablo, cette fois-ci du haut des chutes. Moins spectaculaire que la passerelle côté Brésil, il n’en reste pas moins très beau. Et surtout, il permet de se rendre compte de l’incroyable débit des chutes.
Les chutes Iguazu auront dépassé mes attentes. A un point que l’on en oublie presque la foule de touristes venue les observer au même moment. Les chutes Iguazu sont très différentes de Victoria Falls. Elles sont toutes les deux aussi belles, même si je dois reconnaitre avoir préféré Iguazu. Principalement pour la configuration des lieux, les infrastructures touristiques et les sentiers mis à notre disposition pour en profiter pleinement.
Les chutes m’ont permis d’oublier mon petit souci d’orteil cassé, même si j’ai pas mal lutté pour marcher les kilomètres de sentiers ce dernier jour. Ca devait payer de me voir boiter toute la journée… Je vais calmer le jeu les prochains jours, réduire un peu la cadence et faire attention à ce pied. Cela me permettra aussi de me reposer et de prendre un peu soin de moi. Car si je veux durer encore neuf mois, je dois me ménager.
Je dois avouer que le passage par la France pour mon escale pour São Paulo m’aura fichu un coup au moral. Et le cap des 3 mois sur un voyage au long cours est souvent une étape difficile. Rien de dramatique donc ; c’est normal et ça va passer. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter. C’est à moi de m’auto-réguler pour tenir sur la durée. J’ai hâte d’être au Chili, en Bolivie et au Pérou, l’une des plus belles étapes de ce voyage et qui va certainement me remettre d’aplomb.
Mais avant cela, je vais passer les prochaines semaines entre le Paraguay, l’Uruguay et le nord de l’Argentine.
Je comprends en te lisant que parfois…la solitude ça casse les pieds…
Mais accroche-toi, continue à te régaler de spécialités locales (culinairement, humainement, verbalement), à voir des paysages merveilleux, à être libre et à apprendre chaque jour!
C’est sûr c’est pas facile de voyager…
Mais c’est encore moins facile de sentir que même un héros- routard des temps modernes peut se sentir triste parfois!
On pense bien à toi.
,
Incroyable ce contraste entre l’eau sauvage, fougueuse, brutale des chutes dans leur écrin vert, lumineux, pétillant d’arc en ciel, et le béton implacable du barrage : la bêtise de certains humains qui pensent pouvoir progresser en allant contre la nature…
Voir et sentir cette immensité, et la diversité chatoyante des oiseaux permet de passer outre toute adversité !!
Prends soin de toi en te laissant pénétrer par chaque sensation, en te laissant ballotter entre ombres et lumières…
Coucou Simon!
Nous te lisons avec beaucoup de plaisir, et nous te suivons. Tu n es pas « seul » du tout mon Simon, nous sommes à côté de toi, juste derrière. C est vrai que tu as pris la place et le rôle de l éclaireur, dans tous les sens du terme ( c est aussi c celui qui éclaire), alors tu es naturellement devant. En même temps, écoutes toi et trouves le rythme qui te convient le mieux. Tu mènes une épreuve d’endurance, pas une course de vitesse, non? Fais toi PLAISIR au maximum et profites du moment, des instants. Voilà ma minute po. Pour ton orteil, le traitement classique est de le solidariser à son voisin, par du sparadrap élastique en mettant du coton entre les 2 orteils. Je suis chez Laure à Nantes pour le week-end et on t envoie plein de bisous! Claudine
Allé Simon on voyage avec toi par la pensée, les idées et le cœur! Tu reviendras enrichi dans les plus beaux sens du terme. La solitude te permet de te retrouver et/ou de te trouver! Profite du présent et de ta liberté et surtout des apéros.
Un petit Skype pour entendre ta sulfureuse voix? Par contre je suis étonnée tu dois avoir noter la mauvaise adresse sur toutes tes cartes postales…
J’avoue que j’ai un peu mis les défis de côté :s Et vous m’avez pas donné votre adresse !!
Vos commentaires font chaud au coeur ! Je vais mieux en ce moment, j’ai repris le rythme et je rencontre plus de monde. Je suis de retour sur les routes classiques de backpackers, donc il y a beaucoup de voyageurs sur mon chemin.
Merci Claudine pour ton message et pour les conseils pour l’orteil. Il me fait encore mal mais je vais continuer de l’attacher a son voisin et garder patience.
Mag, Nico, Candice, on se fait un tit skype quand vous voulez 🙂
Bisous à tous !
merci pour le récit de voyage…c est votre papa qui m a confié l adresse du blog en venant à la pharmacie !
j avoue que même plus jeune et célibataire , je n aurais jamais eu le courage et l ouverture d esprit pour parcourir le monde !!!