Toujours en Polynésie, je continue ma traversée du Pacifique et j’en profite pour passer quelques jours sur l’ile de Moorea en Polynésie française. Petit passage par la France donc. Début humide avec une tempête tropicale, qui se calmera finalement pour laisser place au soleil. Au programme : snorkelling dans le lagon de Moorea au milieu des requins et des raies, tour de l’ile en scooter à la recherche des plages de sable blanc, promenade dans la forêt tropicale et balade en bateau dans les eaux cristallines du lagon.
Lundi 29 février, je quitte l’inoubliable ile de Rapa Nui, direction Tahiti en Polynésie française. C’est le seul vol international hors de l’Ile de Pâques, et il n’y en a qu’un seul par semaine, le lundi soir peu avant minuit. Ce qui est drôle avec ce vol c’est que je décolle à 23h50 et j’arrive à 0h20 à Papeete, bien que le vol dure cinq heures.
Pas forcément l’heure idéale pour arriver en avion quelque part… A cette heure-ci, il ne faut pas compter sur des transports en commun pour sortir de l’aéroport et je n’ose pas imaginer le prix des taxis. Alors je choisis de dormir à l’aéroport jusqu’à l’aube. Je n’ai aucune envie de visiter la ville de Papeete, et l’ile de Tahiti étant un peu trop grande pour en profiter réellement sans voiture, j’ai choisi de mon passer mon séjour en Polynésie sur Moorea, ile voisine de Tahiti et accessible en ferry en une demi heure.
Je quitte l’aéroport à 5h30 du matin avec le premier bus pour le centre de Papeete. Je vais directement à la marina et je prends le premier ferry de la journée à 6h. Depuis que j’ai posé le pied sur l’ile de Tahiti, les averses tropicales s’enchainent. Il y a une petite accalmie au matin mais je sens que cela risque de durer… J’arrive sur Moorea vers 6h30, tout juste à la levée du jour.
Moorea fait soixante kilomètres de circonférence ; il faut donc être véhiculé pour en faire le tour. Le camping où je compte rester tout le séjour se trouve de l’autre côté de l’ile. Des bus publics assurent normalement les correspondances pour déposer les passagers d’un bout à l’autre de l’ile. Malheureusement, aucun bus n’attend à ma sortie du ferry. Je rejoindrai le camping en autostop grâce à la générosité des tahitiens. Premier contact très positif avec ce peuple qui a l’air très gentil, mais il ne faudra pas longtemps avant que l’on me rappelle les essais nucléaires commandés par le Général de Gaulle au dessus de la Polynésie dans les années 50. L’amertume est bien là.
J’arrive finalement vers 8h au camping, après avoir enchainé deux voitures en autostop. C’est dans un camping complètement désert que je débarque. On m’explique que personne n’a vu le soleil depuis trois semaines, et que l’on était à la limite du cyclone la veille. Les iles Fiji un peu plus au nord ont été touchées par un terrible cyclone particulièrement destructeur et qui a fait plusieurs morts. Pas très rassurant tout ça… Je pose ma tente à quelques mètres du lagon, à l’abris des seuls arbustes du camping. Je compte sur ma bonne étoile pour ne pas être réveillé en pleine nuit par un cyclone…
Au final, pas de vent ravageur pour moi heureusement, mais trois jours complets de pluie tropicale (à grosse goutte). Il n’y a rien à faire dans ces conditions, juste attendre. La journée, je me réfugie dans les bars-restaurants du coin, et je me plonge dans la lecture d’Harry Potter. Le moral en prend un gros coup. Je pense presque à avancer mon vol pour la Nouvelle Zélande. Si ce n’était que la pluie encore, mais camper dans ces conditions me pousse aux extrêmes de l’inconfort. La tente prend l’eau régulièrement, et devient un véritable hammam sous l’effet de la chaleur et de l’humidité. Les fourmis sillonnent par milliers le moindre patch de sol, et tentent une entrée dans ma tente à chaque fois que je l’ouvre. Les mouches de sable s’occupent de nous dès que l’on met le nez dehors. Pas moyen d’aérer ma tente donc… Et pour couronner le tout, je suis dans un camping sans espace de vie couvert, sans cuisine, et avec des gérants des plus antipathiques que l’on puisse trouver. Ces débuts sur Moorea sont loin des jours idylliques auxquels je m’attendais.
Finalement, la météo, qui prévoyait une accalmie de la tempête pour la fin de semaine, finit par avoir raison. Je décide de rester jusqu’au bout, misant sur le fait que cette accalmie me permette de véritablement profiter de Moorea. Si cela s’avérait être le cas, je pourrais au moins repartir content de mon séjour.
Vendredi 4 mars, le soleil sort le bout de son nez. Devant cette amélioration, j’emprunte masque, tuba et palmes au café voisin, et je vais explorer les eaux du lagon. La visibilité n’est pas encore la meilleure, mais je vois pas mal de coraux et de petits poissons. J’ai enfin l’impression d’être à Tahiti !
Je rencontre Pierre, un français, qui arrive tout juste au camping (la chanceux arrive à point nommé). En tour du monde lui aussi, on sympathise très vite et on se met d’accord pour louer un scooter le lendemain ensemble et faire un petit tour de l’ile. Le dimanche, nous avons réservé tous les deux indépendamment la même balade en bateau dans les deux baies au nord de l’ile.
Le samedi 5 mars, nous louons donc un scooter juste à côté du camping et partons à la découverte du nord de l’ile. Pierre, qui a loué pas mal de scooters en Asie, prend les commandes. Le soleil est au rendez-vous. Après ces derniers jours décevants, l’aventure reprend ; je me sens revivre. Découvrir l’ile en scooter est un vrai plaisir. Il n’y rien de tel que le vent en scoot pour se rafraichir… Nous allons nous promener dans la forêt tropicale au centre de l’ile, admirer le panorama sur la baie de Cook depuis un belvédère sur les hauteurs, et nous baigner dans les eaux cristallines des plages du nord. Je vis enfin l’expérience tahitienne à laquelle je m’attendais en venant ici : plages de sable blanc, cocotiers, bungalows sur pilotis et une eau limpide.
Le dimanche, nous faisons le tour en bateau qui traverse les deux baies au nord de l’ile. Au début c’est un peu le tour des hôtels de luxe que compte Moorea, mais nous arrivons rapidement à la partie intéressante; un petit coin de paradis au milieu du lagon où l’on peut se baigner au milieu des raies et des requins. Une expérience que j’avais déjà eu la chance de faire au Belize, mais qui me plaira d’autant plus cette fois-ci que l’eau est d’une transparence hallucinante. On se croirait dans une piscine. C’est magique. Après un bon déjeuner sur la plage, on termine la journée sur une séance de snokelling au milieu des coraux et des poissons du lagon.
Le lendemain, Pierre et moi faisons à nouveau une balade en scooter. Nous faisons cette fois-ci le tour complet de l’ile. Nous allons nous promener dans la jungle à la recherche d’une cascade. Moi qui commence à avoir l’habitude de voir des chutes et cascades, celle-ci retiendra toutefois mon attention. L’endroit est juste magique. L’occasion pour nous de faire trempette au pied de la chute ; un petit moment Tahiti douche à Moorea, c’est plutôt sympa ! En fin de tour, nous repassons au nord de l’ile, et admirons la plus belle vue de l’ile sur le lagon, et les bungalows du Sofitel. L’eau dessine un dégradé infini du turquoise vers le bleu foncé. Nous terminons la promenade par une baignade dans les eaux limpides du lagon.
En milieu d’après-midi, Pierre quitte l’ile pour prendre son vol pour l’Ile de Pâques ; il fait son tour de monde dans l’autre sens. Encore une belle rencontre et un nouvel ami. Pour ma part, je quitte l’ile le lendemain pour retourner sur Tahiti et rejoindre l’aéroport. Je prends le ferry en milieu d’après-midi et je vais directement à l’aéroport où je passerai une nouvelle nuit à la dure. Mon vol pour Auckland en Nouvelle-Zélande décolle le lendemain.
Je suis finalement très content de mon séjour en Polynésie. J’ai pu voir ses deux facettes ; le climat tropical c’est un mélange de pluie et de journées ensoleillées. Et puis, être descendu si bas au niveau du moral pour finalement vivre ces jours paradisiaques m’aura fait prendre un peu de recul et réaliser la chance que j’ai de compter une étape comme celle-ci sur mon tour du monde. C’était inespéré, l’étape ayant été un joli bonus offert par mon billet “tour du monde”, mais je ne regrette pas une seconde de m’y être arrêté. Et je dois reconnaitre que ma bonne étoile aura encore une fois veillé sur moi car, après trois semaines de tempête, c’était très chanceux de ma part d’avoir été sur place la semaine de l’éclaircie et vivre l’expérience tahitienne en pleine saison des pluies !
Prochaine étape : la Nouvelle-Zélande !